L’Éthiopie sous un gouvernement qui ne parvient pas à atteindre son strict minimum – Ethiopie

Par Selomé Esayas

Une question vitale plane aujourd’hui sur l’Éthiopie : quel est le strict minimum qu’un gouvernement doit fournir pour conserver son pouvoir et sa légitimité ? Fondamentalement, une administration ne survit que tant qu’elle répond aux besoins fondamentaux en matière de sécurité, économiques, juridiques et politiques de sa population. Selon de nombreux témoignages, le leadership du Premier ministre Abiy Ahmed est dangereusement en deçà de ce seuil minimum, alimentant une profonde crise d’autorité dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.

Sans services publics essentiels, aucun régime ne peut durer longtemps. Cette leçon semble perdue pour le gouvernement Abiy, qui, selon les critiques, a ignoré les exigences fondamentales de survie des Éthiopiens dans le cadre de son programme de réformes « ambitieux ». Le mécontentement du public couve face à la déconnexion et à l’inaction des dirigeants face aux questions urgentes de sécurité, de protection sociale, de justice et de droits. Après un optimisme initial, Abiy fait désormais face à une population dont les besoins les plus élémentaires ne sont pas satisfaits tandis que son contrôle sur l’État se renforce.

Avant tout, les Éthiopiens exigent une sécurité fondamentale et l’absence de violence. Mais sous Abiy, nombreux sont ceux qui dénoncent une épidémie de conflit qui nuit directement aux civils sans faire grand-chose pour faire avancer leurs intérêts. Les luttes armées ont englouti le Tigré, l’Oromia, l’Amhara et d’autres régions ces dernières années, déplaçant des millions de personnes et coûtant la vie à de nombreuses personnes. L’administration Abiy représente des gains politiques temporaires grâce à ces affrontements, même si le public paie en sang et en traumatismes. Un gouvernement qui ne peut pas protéger les citoyens innocents des conséquences de ses jeux dangereux avec ses rivaux a failli à son devoir le plus élémentaire.

En plus des problèmes de sécurité, l’État obtient également de mauvaises notes en ce qui concerne la fourniture des bases économiques nécessaires à la survie. Malgré les nobles promesses d’Abiy, la pauvreté endémique, la faim, le sans-abrisme et le chômage écrasent quotidiennement une grande partie de la population. Selon les critiques, l’incapacité du gouvernement à garantir l’accès à la nourriture, au logement, aux soins de santé et aux moyens de subsistance prouve son décalage avec le bien-être fondamental des Éthiopiens. La survie, et non l’avancement, reste l’humble aspiration du public, une aspiration que les dirigeants actuels ne satisfont pas.

De plus, l’inefficacité de l’État de droit sous Abiy a porté atteinte à la confiance dans le fonctionnement compétent et fondamental du gouvernement. Les crimes incontrôlés, la corruption et les violations des droits reflètent l’incapacité du régime à garantir un système judiciaire équitable et responsable. À mesure que la confiance dans ces services essentiels de l’État s’érode, les troubles et l’instabilité comblent le vide.

Enfin, l’administration retombe dans l’autoritarisme – emprisonnant les critiques, réduisant au silence les journalistes et interdisant les groupes d’opposition. Une telle répression contredit l’ouverture démocratique qu’Abiy avait initialement défendue. Lorsqu’un gouvernement ne peut tolérer la dissidence et l’opposition, il perd sa prétention à gouverner légitimement. La diversité de l’Éthiopie exige un espace politique inclusif.

En conclusion, assurer la sécurité, répondre aux besoins économiques, faire respecter la justice et permettre un débat ouvert représentent le strict minimum attendu de tout leadership. Mais un nombre croissant de voix affirme que le gouvernement d’Abiy échoue sur tous les plans alors que la violence se propage, que les privations se poursuivent, que l’effondrement de la justice s’étend et que l’autocratie se développe. Pour aller de l’avant, la gouvernance éthiopienne doit recommencer à répondre aux besoins fondamentaux de sécurité et de survie de la population plutôt que de poursuivre des objectifs politiques étroits. Ce n’est qu’en revenant à l’essentiel qu’Abiy pourra retrouver sa crédibilité et sortir la nation de la crise. Le strict minimum constitue aujourd’hui la seule voie, sinon vers la prospérité, du moins vers la stabilité en Éthiopie.

Avatar de Slimane Berhanu