Une pandémie silencieuse et l’appel à l’état d’urgence – Nigéria

AU MILIEU des défis socio-économiques du Nigeria, une pandémie insidieuse s’infiltre discrètement dans nos communautés, menaçant le tissu même de notre nation. Le Forum des conjoints des gouverneurs du Nigeria et le Sénat, dans des déclarations distinctes mais harmonieuses, ont tiré la sonnette d'alarme sur la montée inquiétante de l'abus et du trafic de drogue, appelant à un état d'urgence décisif. Alors que le pays est aux prises avec cette épidémie silencieuse, la question est la suivante : le Nigeria est-il prêt à affronter les dures réalités d’une crise de la drogue naissante ? Avec environ 14,3 millions de consommateurs de drogues dans le pays, selon des rapports récents, l'ampleur du problème ne peut être surestimée. Ce ne sont pas seulement des statistiques ; ce sont des vies qui s’effondrent, des avenirs qui s’obscurcissent et une nation qui risque de perdre sa jeunesse aux prises avec la dépendance. La prolifération de la drogue à l’intérieur de nos frontières, alimentée par des points d’entrée poreux, transforme le Nigeria en une plaque tournante de transit pour les trafiquants, aggravant ainsi une situation déjà désastreuse.

Des rapports indiquent qu'au cours des trois dernières années seulement, l'Agence nationale d'application de la loi sur les drogues (NDLEA) a saisi plus de 7 500 tonnes de stupéfiants, un chiffre stupéfiant qui devrait provoquer une onde de choc dans la conscience de chaque membre bien-pensant de notre société. Cette saisie sans précédent n’est pas seulement un témoignage de la vigilance de la nouvelle NDLEA, c’est une révélation effrayante du volume considérable de drogues circulant à l’intérieur de nos frontières. L’appel à l’état d’urgence n’est pas seulement un appel à l’attention, c’est un appel désespéré à l’action. Les conséquences de l’inaction sont trop graves pour être ignorées. L’abus de drogues est désormais étroitement lié à la montée de la criminalité, au décrochage scolaire, aux problèmes sociaux et de santé, ainsi qu’à la montée alarmante de l’extrémisme violent, des enlèvements, du banditisme et du terrorisme. Il ne s’agit pas seulement d’un problème de santé publique ; c'est une menace pour notre sécurité nationale, notre économie et l'essence même de notre société.

Les frontières poreuses, qui facilitent l’afflux sans entrave des stupéfiants, exigent une attention immédiate et une approche stratégique pour renforcer notre sécurité nationale. Les efforts de la NDLEA, aussi louables soient-ils, ne peuvent suffire à eux seuls ; ils ont besoin du plein soutien des gouvernements fédéral et des États. Les épouses des gouverneurs préconisent à juste titre la déclaration de l'état d'urgence comme moyen de mobiliser les ressources nécessaires à une réponse coordonnée et efficace.

Il ne s’agit pas seulement d’arrêter les trafiquants et de saisir de la drogue ; il s’agit de s’attaquer aux causes profondes, de favoriser une bonne parentalité et de démanteler les structures sociales et économiques qui perpétuent l’abus de drogues. La proposition visant à établir des centres standards de réhabilitation pour toxicomanes à travers le pays, en particulier dans chaque zone sénatoriale, souligne la nécessité d'un traitement accessible et sans stigmatisation pour ceux qui sont aux prises avec une dépendance. L’appel à l’état d’urgence pour lutter contre l’abus de drogues est un tournant potentiel qui fait écho à l’urgence nécessaire pour arracher notre nation aux griffes de cette épidémie silencieuse. Une telle déclaration signifie un changement sismique, une rupture avec la léthargie qui a permis à la menace de la drogue de s’envenimer sans contrôle. Il s’agit d’un appel à transcender les enchevêtrements bureaucratiques et à affronter le problème de front, en mobilisant des ressources et une détermination nationale sans précédent.

Alors que nous faisons face à cette épidémie silencieuse, le discours doit passer de la condamnation à la compassion. L’abus de drogues est le symptôme de problèmes sociétaux plus profonds, et toute solution doit impliquer une approche holistique et empathique. La suggestion des sénateurs d'inclure l'éducation sur la drogue comme matière obligatoire dans l'éducation de base du Nigeria est un pas dans la bonne direction, reconnaissant que la prévention est aussi cruciale que l'intervention. Apparemment, le Nigeria se trouve à la croisée des chemins, et la décision de déclarer l’état d’urgence concernant l’abus de drogues n’est pas seulement une formalité administrative ; c'est un impératif moral. Notre avenir en tant que nation dépend de notre capacité à affronter de front cette épidémie silencieuse, avec unité, empathie et un engagement indéfectible envers le bien-être de notre peuple. Il est temps d’agir maintenant, car l’inaction ne rendrait pas service aux générations qui comptent sur nous pour leur leadership et leurs conseils.

  • Yola nous écrit depuis Jimeta, dans l'État d'Adamawa.

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