Éthiopie : Un pas vers la santé mentale – Ethiopie

maimire mennasemay

Lorsque la politisation de l’ethnicité et la politisation de la religion se rencontrent et commencent à se nourrir l’une de l’autre, une société échappe à tout contrôle ; il franchit le précipice de la violence aveugle et de la destruction incontrôlable dont il faut des décennies, voire des siècles, pour se relever.

Considérez les guerres de religion européennes qui ont duré du 16e au début du 18e siècle. Les conflits religieux entre catholiques et partisans de la Réforme se mêlent aux ambitions politiques et territoriales. Rien qu’en Allemagne, un tiers de la population a été tué dans ces guerres, soit, comme le soulignent les historiens, près du double du taux de mortalité de la Première Guerre mondiale !

L’effort visant à créer en Éthiopie un synode orthodoxe Täwahedo basé sur l’ethnicité en février 2023 était étroitement lié à des objectifs politiques et territoriaux. C’était un mélange dangereux de politique ethnique et de religion. Il y avait des signes inquiétants que l’Éthiopie pourrait se diriger vers le précipice d’un conflit ethno-religieux. Les émotions religieuses bouillonnaient. Certains, et malheureusement les évêques rebelles, travaillaient dur pour ethniciser et politiser ces émotions religieuses. Heureusement, la menace d’une agitation ethno-religieuse dévastatrice a été étouffée dans l’œuf.

Puisque ce conflit était en partie de nature religieuse, nous pourrions tout aussi bien nous référer à un passage de la Bible, « Rendez donc à tout leur dû l’Honneur à qui l’honneur est dû ». (Romains 13:7). C’est-à-dire que nous devons donner du crédit là où le crédit est dû. La déclaration du 15 février 2023 du Saint-Synode reconnaît explicitement le rôle constructif que le Premier ministre Abiy Ahmad a joué dans la résolution pacifique du conflit, tout en respectant l’indépendance, les règles et les règlements de l’Église. Il faut donc rendre hommage là où il faut et remercier le Premier ministre d’avoir facilité la résolution du conflit.

Avant tout, nous devons être reconnaissants pour le calme, l’humilité, la fermeté du Saint-Synode dans sa défense de l’intégrité de l’Église et de ses enseignements, et sa générosité envers les évêques rebelles. Nous devons également être reconnaissants pour le courage dont ont fait preuve les évêques rebelles en reconnaissant enfin le caractère impie de leurs actes, en se repentant et en revenant avec humilité dans le giron du Saint-Synode. La réconciliation a fait reculer les nuages ​​sombres d’un conflit ethno-religieux dévastateur planant sur l’Éthiopie.

Serait-ce que le rôle constructif du Premier ministre dans la résolution de ce conflit, venant dans la foulée de l’établissement de la paix dans le nord de l’Éthiopie, serait le signe avant-coureur d’une vie paisible pour les Éthiopiens, en particulier dans l’Oromia tuer? Des Éthiopiens innocents – femmes, enfants, personnes âgées, agriculteurs, commerçants, ouvriers et employés de bureau – sont tués quotidiennement dans ce tuer pour aucune autre raison que leur appartenance ethnique ou politique. Que cette folie s’arrête, c’est la demande de tous les Éthiopiens.

Le Premier ministre a dans ses pouvoirs de mettre fin à cette folie politique. Après avoir ramené la paix dans le nord de l’Éthiopie et joué un rôle constructif dans la résolution du conflit entre les évêques rebelles et le Saint-Synode, les Éthiopiens attendent désormais de lui qu’il se retrousse les manches et se mette à la tâche de mettre fin à l’effusion de sang insensée et la destruction dans l’Oromia tuer.

Depuis quelques années, l’espoir d’une Éthiopie alternative qui s’est illuminé en 2018 s’éloigne et les ténèbres du désespoir se répandent. Le Premier ministre Abiy a maintenant l’occasion d’inverser cette tendance en saisissant et en accélérant l’élan de paix qu’il a créé. Il doit mobiliser les dividendes de la paix de la fin de la guerre au Tigré et de l’extinction dans l’œuf d’un conflit ethno-religieux catastrophique et les utiliser pour mettre fin aux tueries ethniques, à la persécution, à la dépossession et au déracinement d’Éthiopiens innocents dans l’Oromia tuer.

Il semble qu’il y ait des forces et des individus au sein du gouvernement et du parti politique que le Premier ministre a créé (le Parti de la prospérité) qui se sont engagés à promouvoir des intérêts et des objectifs ethniques contraires à la paix et à l’unité en Éthiopie. Il est évident qu’ils subvertissent et font dérailler sa poursuite publiquement revendiquée de la paix et de l’unité. Le Premier ministre devrait déduire du soutien que les Éthiopiens lui ont apporté lors de la récente guerre et de la reconnaissance qu’il a reçue du Saint Synode pour le bon travail qu’il a accompli que les Éthiopiens soutiendront toujours ses luttes contre les forces ethnocentriques. Le Premier ministre devrait mobiliser et activer ce soutien pour ramener la paix et l’unité en Éthiopie.

Il s’appuierait alors sur ses récents succès en matière de rétablissement de la paix et de réconciliation. Il remplirait les nombreuses promesses lumineuses qu’il a faites aux Éthiopiens dans ses nombreux entretiens et discours, dont beaucoup sont imprégnés de sentiments patriotiques. En apportant la paix et l’unité en Éthiopie, il sera fidèle à lui-même car il agira et vivra d’une manière qui est en harmonie avec sa philosophie proclamée de Madamemer.

Après son double succès dans le rétablissement de la paix, les Éthiopiens le regardent désormais, espérant que ses actions leur permettront de croire que l’espoir finira par triompher du désespoir.

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