Appel ouvert aux membres de l’Union africaine et de la Commission africaine – Ethiopie

-Veuillez reporter le 42n / A Session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, Addis-Abeba, Éthiopie –

Aklog Birara (Dr)

J’écris cet appel ouvert aux membres de l’Union africaine et aux dirigeants de la Commission africaine parce que je suis préoccupé par l’aggravation des problèmes de droits de l’homme en Éthiopie, lieu de la réunion du Conseil exécutif de l’UA à la mi-février 2023.

Plus précisément, le but de cette lettre ouverte est d’exprimer une véritable inquiétude face à la politisation de la religion qui, à son tour, aggrave la gouvernance déjà profondément enracinée, sujette aux conflits, corrompue, médiocre et débilitante de l’Éthiopie.

L’ingérence injustifiée de l’État et du gouvernement éthiopiens dans les affaires de l’Église orthodoxe éthiopienne autonome contribue à la souffrance humaine.

L’Éthiopie, membre fondateur de l’OUA, de l’UA et du système des Nations Unies, souffre d’obstacles ethniques et religieux. La dernière à laquelle je pense est la fracture délibérée de la foi orthodoxe éthiopienne, une icône de la société éthiopienne avec une adhésion de 70 millions d’Éthiopiens couvrant tous les groupes ethniques et son synode en deux fonctions antagonistes et inconciliables. Cette évolution malheureuse alimente une situation déjà inflammable.

Le dernier témoignage de cette érosion est la nomination inattendue de dirigeants chrétiens orthodoxes éthiopiens sur la base de l’identité ethnique. Cette décision politique sans précédent élève la dangereuse polarisation ethnique de l’Éthiopie au niveau de la foi et de la sphère spirituelle.

À cet égard, j’ai eu le cœur brisé lorsque j’ai écouté le discours du Premier ministre Abiy Ahmed le 31 janvier 2023 mettant le groupe dissident à égalité avec la direction et l’institution de l’Église orthodoxe et du Synode. Ce n’est pas de l’art politique dans la science sociale de la construction de ponts.

Son diagnostic malheureux et inopportun du problème basé sur la langue et l’ethnicité a en fait aggravé les choses et enhardi les coupables.

Au moment de l’assaut et de la propagande belliciste du TPLF, j’ai soutenu avec passion et zèle que les gouvernements de l’UE et des États-Unis devaient s’abstenir de placer les rebelles du TPLF à égalité avec le gouvernement légitime d’Éthiopie.

Je demande maintenant au Premier ministre éthiopien pourquoi il n’applique pas la même norme ou les mêmes critères concernant le groupe rebelle qui s’est auto-désigné ses propres dirigeants, sapant ainsi la direction légitime, fondamentale et principale de l’Église orthodoxe et délégitimant l’Église elle-même en tant qu’entité unique et son synode comme gouvernance de base ?

Je comprends parfaitement que la 36e session ordinaire de l’Assemblée de l’UA, 42e session ordinaire du Conseil exécutif du 15 au 19 février 2023, est vitale pour l’Afrique et ses 1,3 milliard d’habitants.

Dans le même temps, je suis profondément préoccupé par le fait que le lieu de l’événement représente un danger moral et éthique pour les dirigeants de l’Union africaine et de la Commission africaine.

Cela pose un danger moral et éthique pour l’UA parce que les chefs spirituels et les membres de l’Église orthodoxe éthiopienne sont agressés, harcelés, persécutés et marginalisés alors même que l’Éthiopie accueille des dirigeants de l’UA.

Au minimum, j’exhorte l’UA et sa Commission à utiliser leur statut estimé sur la scène mondiale et à exprimer leur profonde préoccupation quant à la situation des droits de l’homme en Éthiopie et à exiger que le gouvernement fédéral éthiopien fasse preuve d’un minimum de responsabilité pour la sûreté et la sécurité de le peuple éthiopien, y compris les dirigeants et les membres de l’Église orthodoxe éthiopienne.

Enfin, je lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle accorde une plus grande attention aux atrocités ethniques et confessionnelles en cours en Éthiopie.

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