Dans une tournure dramatique des événements, l'ancien président syrien Bachar al-Assad a fui vers la Russie aux premières heures du dimanche 8 décembre, accompagné de sa famille, après la prise de la capitale, Damas, par les rebelles. La Russie a accordé l'asile à Assad, marquant la fin de son règne de 13 ans pendant la sanglante guerre civile syrienne.
Le chef des forces rebelles, Abu Mohammad al-Jolani, a clairement indiqué que les personnes impliquées dans la torture et l'assassinat de prisonniers sous le régime d'Assad ne seraient pas graciées. « Nous les poursuivrons en Syrie et nous exhortons les autres pays à extrader ceux qui ont fui afin que justice puisse être rendue », a déclaré Jolani. Depuis le renversement d'Assad, des milliers de Syriens ont afflué vers les prisons notoires du régime, à la recherche désespérée de leurs proches disparus au cours des années de répression brutale. Un rapport de 2022 de l'Association turque des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP) décrit la prison de Saydnaya comme étant « effectivement devenue un camp de la mort » après le déclenchement de la guerre civile en 2011. Les atrocités qui y sont commises incarnent les horreurs du régime d'Assad. Jolani a également annoncé son intention de démanteler les forces de sécurité de l'ancien régime, même si des questions demeurent quant à la rapidité avec laquelle les rebelles pourront établir la stabilité face aux inquiétudes liées aux menaces extérieures, notamment aux éventuelles frappes israéliennes sur l'infrastructure militaire syrienne.
La chute du gouvernement d’Assad a mis en lumière la profonde corruption qui caractérisait son régime. Des rapports révèlent qu’Assad possédait plusieurs garages remplis de véhicules de luxe, notamment des Aston Martin, des Lamborghinis et des Ferrari. Ces voitures, ainsi que ses palais ornés de mosaïques et de marbres complexes, sont des symboles frappants de l'avidité et de l'extravagance du régime. Alors qu’Assad vivait somptueusement, les Syriens ordinaires enduraient la pauvreté, la faim et les horreurs de la guerre. Cette inégalité flagrante a été l’un des moteurs du soulèvement qui a débuté en 2011, après des décennies de répression sous Assad et son père, Hafez al-Assad. Pendant 14 ans, les Syriens ont subi des bombardements incessants, des tortures, des enlèvements et des massacres, tandis que la famille Assad vivait comme une royauté. La chute d'Assad reflète le sort de l'ancien président afghan, Ashraf Ghani, qui a fui le pays lorsque les talibans ont repris le pouvoir. Comme de nombreux dirigeants autoritaires, le refus d’Assad de renoncer au pouvoir l’a laissé en disgrâce, la tombe même de son père ayant été profanée. Assad aurait pu s’en sortir honorablement, mais il a plutôt choisi de s’accrocher au pouvoir aux dépens de son peuple.
La situation en Syrie nous rappelle brutalement les dangers d’un régime autoritaire et met en évidence l’importance cruciale de la gouvernance démocratique. Les dirigeants autoritaires qui refusent de renoncer au pouvoir entraînent souvent leurs nations dans des cycles de troubles, de répression et finalement d’effondrement. L’histoire regorge d’exemples de dirigeants qui s’accrochent à leur autorité malgré un mécontentement croissant, conduisant souvent à leur chute honteuse et à d’immenses souffrances pour leur peuple.
Haïti, par exemple, a enduré des décennies d’instabilité politique et de difficultés économiques exacerbées par une corruption enracinée et une gouvernance inefficace. En Afrique, un modèle de leadership serré continue d’entraver le progrès. Des dirigeants comme Paul Kagame au Rwanda, Yoweri Museveni en Ouganda et Paul Biya au Cameroun ont étendu leur emprise sur le pouvoir pendant des décennies, modifiant souvent les constitutions ou réprimant la dissidence pour maintenir leur domination. Alors que certains ont justifié leur règne prolongé par des promesses de stabilité ou de croissance économique, la réalité pour de nombreux citoyens est un manque de liberté politique, un développement retardé et des inégalités systémiques. Les coûts d’une telle gouvernance, depuis les troubles civils jusqu’au progrès social bloqué, sont supportés le plus lourdement par les citoyens ordinaires.
En Syrie, le régime d’Assad incarne les pires excès de l’autoritarisme. Pendant plus d'une décennie de guerre civile, les tactiques brutales du gouvernement, notamment les arrestations massives, la torture et les bombardements de zones civiles, ont dévasté le pays. Pendant ce temps, la corruption et l’opulence du régime contrastaient fortement avec les souffrances des Syriens ordinaires. La chute éventuelle d’Assad démontre qu’aucune quantité de richesse ou de pouvoir ne peut indéfiniment protéger un dirigeant des conséquences d’un gouvernement fondé sur la peur et la répression. Alors que les Syriens entament le difficile processus de reconstruction de leur pays après des années de guerre, ils sont confrontés à la fois à un immense défi et à une opportunité. La voie à suivre nécessite non seulement de remédier à la dévastation physique et économique, mais également d’établir un système politique ancré dans la responsabilité, la justice et l’inclusion. La communauté mondiale a un rôle essentiel à jouer pour soutenir ces efforts, qu’il s’agisse de fournir une aide humanitaire ou de veiller à ce que les politiques internationales ne permettent pas la résurgence des forces d’oppression.
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La tragédie syrienne souligne le fait que la démocratie, avec l’accent mis sur des élections libres et équitables, des freins et contrepoids et le respect des droits de l’homme, est un modèle de gouvernance bien plus durable que l’autoritarisme. Même si les systèmes démocratiques ne sont pas sans défauts, ils offrent des mécanismes de responsabilité et d’adaptabilité qui font intrinsèquement défaut aux régimes autoritaires. Les dirigeants qui donnent la priorité au gain personnel plutôt qu’au bien-être de leur peuple laissent souvent un héritage de destruction et de ressentiment. En revanche, ceux qui adhèrent aux principes démocratiques, même au prix du pouvoir personnel, contribuent à une paix et à un progrès durables. La leçon tirée de la Syrie et d’innombrables autres pays est claire : une gouvernance basée sur l’oppression est une voie vers la ruine, tandis que la démocratie, bien que difficile, offre le meilleur espoir d’un avenir juste et prospère.