Note de l’éditeur : les opinions exprimées dans l’article reflètent celles de l’auteur, et non celles de borkena.com
Yonas Biru, PhD
L’Éthiopie a deux menaces existentielles : sa constitution tribale qui est primitive dans son architecture de gouvernance et dégénérative dans sa philosophie politique, et ses intellectuels dinosaures à l’esprit et à la tradition de paysans tribaux. Le problème est que la Constitution ne peut pas être civilisée au moyen d’une réforme transformatrice avant que la classe intellectuelle de la nation ne soit libérée des chaînes de son retard culturel. Les dommages causés à notre pays sont existentiels dans un monde qui se transforme à un rythme plus rapide que celui qu’il a connu au cours des derniers millénaires.
En juin 2018, j’ai écrit une lettre ouverte au Premier ministre Abiy, déclarant :
Monsieur le Premier ministre : Vous êtes arrivé au pouvoir alors que les États-Unis et l’Europe connaissent des transformations sociales majeures. Qu’on l’aime, qu’on le déteste ou qu’on s’en moque, le programme de Trump est un mouvement. Une sorte de révolution. Son programme America First l’a conduit à la Maison Blanche, et ce n’est pas un contretemps électoral.
Sa politique contre les immigrés n’est ni stimulée par la race ni motivée par l’opportunisme politique. Ceux qui citent ses «pays de merde» et sa déclaration à la suite d’un rassemblement nationaliste blanc à Charlottesville manquent la forêt pour l’arbre.
Le sentiment anti-immigré n’est ni un phénomène américain isolé ni un flirt passager avec le racisme. Il y a des facteurs structurels et fondamentaux en jeu. Les gouvernements aux États-Unis et en Europe comprennent que des politiques d’immigration strictes ne suffisent pas à elles seules à éloigner les immigrants de leurs frontières. Soutenir le développement de l’Afrique est devenu une politique stratégique ancrée dans l’intérêt national alimentée par des sentiments anti-immigration.
La mondialisation rapide et le problème apparemment insoluble du terrorisme ont créé l’urgence d’un changement structurel dans les politiques internationales de développement. Des institutions comme la Banque mondiale et le FMI se réforment frénétiquement pour rattraper le tsunami conservateur.
Votre gouvernement doit se positionner activement pour présenter une réforme agressive axée sur le marché qui peut, dans un délai raisonnablement court, démontrer que l’Éthiopie peut réaliser ce que les pays d’Asie de l’Est ont réalisé en peu de temps. L’Ethiopie doit se positionner comme une grande expérience pour mettre en valeur une success story africaine.
Positionner votre administration sur un tel jeu mondial devrait être votre priorité. Votre administration devrait tirer parti de manière proactive du programme de développement agressif de l’Éthiopie et positionner son cadre de développement stratégique au carrefour de la géopolitique mondiale émergente et de la politique de développement international qui en découle. Vous devez faire de l’Éthiopie un demandeur actif d’aide internationale au développement, et non un bénéficiaire passif.
Ma lettre ouverte visait à encourager le Premier ministre à prendre des mesures proactives pour devancer ou au moins suivre le rythme des nouveaux développements géopolitiques. J’espérais que la communauté intellectuelle prendrait les devants. C’était le but de la proposition de conseil économique consultatif indépendant que le professeur Lemma et moi avons élaborée. Mais la culture intellectuelle arriérée n’était pas ouverte à une telle entreprise intellectuelle. Au contraire, pour nos intellectuels, l’idiotie #NoMore est une doctrine plus adaptée à leur pensée ermite et tribalisée.
Quel est le changement dans le paradigme du développement mondial ? Permettez-moi de partager avec vous trois paragraphes d’un article que j’ai publié en décembre 2018.
Poussés par des intérêts géopolitiques trivariés pour contenir l’influence croissante de la Chine en Afrique, arrêter le flux de migrants et de réfugiés vers les États-Unis et l’Europe et atténuer la vulnérabilité de l’Afrique en tant que terrain fertile pour le terrorisme international, les États-Unis et leurs alliés remodèlent fondamentalement l’aide internationale au développement. modalité.
L’adoption rapide de la loi américaine de 2018 sur la meilleure utilisation des investissements menant au développement (BUILD) représente la pierre angulaire du changement. La loi encourage les flux de capitaux privés vers l’Afrique pour stimuler la croissance économique et la création d’emplois tirées par le secteur privé et étend les accords commerciaux préférentiels aux pays africains pour augmenter leurs recettes d’exportation.
Le Royaume-Uni vise également à « stimuler les échanges entre le Royaume-Uni et l’Afrique », dans le but de « faire du Royaume-Uni le plus grand investisseur du G7 en Afrique d’ici 2022 ». Les milliards que la Grande-Bretagne prévoit d’investir aideront « les économies africaines à croître de milliers de milliards », a préconisé la Première ministre britannique Theresa May.
Deux articles récents aux États-Unis ont réaffirmé ce que j’écrivais. L’un est intitulé « Comment l’Amérique peut favoriser un boom africain : le continent a besoin d’investissements, pas seulement d’aide ». (https://www.foreignaffairs.com/africa/how-america-can-foster-african-boom#:~:text=The%20U.S.%20government%20can%20also,%2C%20at%20below% 2Dmarket%20rates) Il est apparu dans African Affairs en août 2022. Le second est intitulé « La nouvelle stratégie américaine pour l’Afrique rompt avec le statu quo ». (https://carnegieendowment.org/2022/08/11/new-us-africa -strategy-breaks-from-statu-quo-with-some-perplexing-stumbles-pub-87666)
Le monde change. La seule chose qui soit figée dans le temps est la classe intellectuelle éthiopienne ermitisée et tribalisée. Sa campagne #NoMore est son article de foi jaillissant du puits de son ignorance géopolitique. Les voir sauter de joie avec des slogans débiles dans les rues de Washington et de Bruxelles est un plaisir pour les yeux. Mais c’est préjudiciable à la nation qu’ils prétendent défendre.
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