Le président de Coronation Group et d’Access Holdings Plc, Aigboje Aig-Imoukhuede, a appelé à des réformes politiques délibérées et à des stratégies financières innovantes pour libérer le vaste potentiel de capitaux nationaux de l’Afrique, estimé à plus de 4 000 milliards de dollars, afin de stimuler une croissance durable du secteur privé à travers le continent.
S’exprimant lors du Sommet de l’industrie financière africaine (AFIS) 2025 à Casablanca, au Maroc, lors de la table ronde d’ouverture intitulée « Libérer la puissance financière de l’Afrique : il est temps de mobiliser le capital national à grande échelle », Aig-Imoukhuede a déclaré que le défi de l’Afrique n’est pas une pénurie de fonds mais le manque de canaux et de politiques efficaces pour diriger le capital national disponible vers des investissements productifs.
« Le capital est disponible, mais il n’est pas canalisé vers les opportunités qui existent en Afrique. Les dirigeants des secteurs public et privé doivent se concentrer davantage sur la création d’un environnement politique approprié pour permettre ce flux de capitaux », a-t-il déclaré.
Faisant un parallèle avec la reconstruction du Japon d’après-guerre, Aig-Imoukhuede a noté que le capital national, plutôt que l’aide étrangère, était le fondement de la transformation économique du Japon. Il a fait valoir que l’Afrique pourrait obtenir des résultats similaires si les gouvernements prenaient des mesures délibérées pour réduire les risques liés aux opportunités d’investissement local, en particulier sur les marchés privés, les entreprises industrielles, les PME et les projets immobiliers à grande échelle.
« Lorsque vous cherchez à passer à l’étape suivante, il ne s’agit pas uniquement des marchés publics. Nous devons nous asseoir et réduire les risques liés aux opportunités d’investissement sur les marchés africains afin que les investisseurs puissent trouver à la fois rendement et sécurité chez eux », a-t-il expliqué.
Concernant le rôle de la technologie et de la fintech dans l’approfondissement de l’intégration financière intra-africaine, Aig-Imoukhuede a souligné la collaboration en cours entre Coronation Group, Access Holdings, Safaricom et M-Pesa, la décrivant comme un modèle de la manière dont l’innovation numérique peut traduire l’inclusion financière en création de richesse à long terme.
Il a observé que si l’Afrique a réalisé des progrès remarquables dans l’élargissement de l’accès aux comptes bancaires et de paiement, avec plus de 640 à 700 millions de comptes financiers à travers le continent, moins de 20 millions sont des comptes d’investissement, ce qui limite la capacité du continent à mobiliser l’épargne locale vers des investissements productifs.
« C’est là que réside la véritable mobilisation des investissements nationaux. Nous devons transformer les fintechs en moteurs d’investissement grâce à des partenariats avec les banques et à des politiques gouvernementales de soutien », a-t-il déclaré.
Aig-Imoukhuede a exhorté les décideurs politiques africains à introduire des incitations fiscales et des réglementations favorables à l’investissement qui encourageraient les citoyens à canaliser leur épargne vers des actions, des fonds et d’autres instruments à long terme.
« Avec un contexte politique et une collaboration appropriés, nous pouvons ouvrir des centaines de millions de comptes d’investissement. Si nous nous concentrons sur l’aspect investissement du secteur des services financiers, l’Afrique connaîtra une transformation économique spectaculaire au cours des 30 prochaines années », a-t-il ajouté.
Le sommet, qui a réuni de hauts dirigeants financiers, des décideurs politiques et des investisseurs de tout le continent, a souligné l’urgence de mobiliser les capitaux nationaux pour financer le développement de l’Afrique et réduire la dépendance à l’égard des emprunts extérieurs.
